Sapphô, poétesse lyrique

Sapphô, poétesse lyrique de l’Antiquité, sera la première de l’histoire occidentale

Elle était une femme grecque ayant vécu d’environ 620 à 580 avant Jésus Christ sur l’île de Lesbos, dans la ville de Mytilène.

Sappho était poétesse, pédagogue et musicienne. Elle laissa neuf livres dont il ne reste aujourd’hui presque rien. Nous n’avons que des fragments de ses poèmes et le seul ayant été presque entièrement conservé est l’Hymne à Aphrodite.

Elle connut la gloire de son vivant et fut admirée pour son art parmi les intellectuels dans presque tout le bassin méditerranéen. Ainsi, nous trouvons des représentations de la poétesse datant de l’Antiquité sur de nombreux supports, comme des médailles, des pièces, des amphores et des peintures.

Dans sa vie privée, elle était une intellectuelle, une aristocrate, une épouse vite devenue veuve et aussi mère d’une fille se nommant Cléïs. En effet, son mari, avec qui elle a été mariée très jeune et qui appartenait à une grande fortune de l’île d’Andros, est décédé jeune, ce qui permit à la veuve de profiter de sa vie avec une certaine liberté.

Sappho créa une école réservée aux filles qu’elle nomma “la maison des Muses”, où elle donnait une solide éducation dans les “humanités”, c’est-à-dire la musique, la poésie, le théâtre et la littérature.

Mais à cause de l’instabilité politique de la Grèce archaïque, Sappho et sa famille durent partir en exil durant 10 ans et allèrent en Sicile.

Sappho mourut de vieillesse suite à son retour à Lesbos.

L’homosexualité chez Sappho

On doit à Sappho le terme “lesbienne”, qui à l’origine désignait une femme habitant à Lesbos, car la poétesse connue des amours homosexuelles dont elle ne se cachait pas et dont elle parlait librement dans ses poèmes, malgré ce que diront les commentateurs qui réprouvaient cela, et qui iront même jusqu’à tenter de cacher ces relations.

De plus, le terme “saphique”, qui désigne les relations lesbiennes, vient aussi de la poétesse.

Mais ces amours lui vaudront d’être condamnée par les autorités ecclésiastiques, qui détruiront ses ouvrages en grande partie. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’elle sortit de l’oubli et inspira de nouveau grâce aux libertins.

 

Le poème “Hymne à Aphrodite

 

Hymne à Aphrodite est l’unique poème de Sappho entièrement conservé.

Ici, Sappho fait l’éloge de la déesse Aphrodite afin qu’elle réponde à ses désirs, il s’agit donc d’une prière.

Nous retrouvons alors le champ lexical du divin pour parler de la déesse et de l’amour. En effet, Sappho ne se limite pas à parler de l’amour comme de quelque chose de bon, car elle utilise des termes péjoratifs tels que “angoisse” ou “tourments nauséeux” afin de montrer le désespoir que peut provoquer l’amour. Ainsi, elle semble totalement s’abandonner à Aphrodite pour qu’elle la soulage de ses tourments, ce qui fait d’elle sa sauveuse car, peu importe ce que fait la jeune fille dont est éprise Sappho, la déesse lui fera faire le contraire, comme le montre l’accumulation en “si elle […]”.

De plus, ce n’est pas la première fois que la poétesse implore Aphrodite car elle utilise les termes “de nouveau” pour parler de ses prières.

Mais Hymne à Aphrodite n’est pas qu’une simple prière, il s’agit en effet d’une complainte douloureuse mêlée à un hymne.

Nous voyons bien que la passion, sous l’Antiquité, était perçue comme mauvaise car Sappho parle de son “coeur passionné” dans une strophe où les passions amoureuses sont décrites comme destructrices et sont quelque chose dont on doit se délivrer.

Enfin, la liberté de ton qu’emploie la poétesse est mémorable car elle parle ouvertement et avec un lyrisme transcendant de ses amours saphiques en écrivant “ quelle fille de nouveau […]”. Le fait est que la poétesse vit librement ses relations, mêmes homosexuelles, et avec le fait qu’elle ne prête guère d’attention au possible ressentiment de ses lecteurs à cause d’une homophobie plus que palpable envers les femmes lesbiennes est d’un courage éclatant. Elle déconstruit ces tabous encore présents 2500 ans plus tard en déclarant fièrement et sans y mettre de voile pour que le message soit plus doux ou sous-entendu.

Donc Sappho est révolutionnaire car elle ose affirmer qu’elle est une femme aimant les femmes et qu’elle ne fera pas en sorte de se cacher pour satisfaire une majorité choquée par sa nature. Car oui, Sappho montre son homosexualité naturellement ! D’abord car elle dit l’être explicitement et car elle fait appel à la déesse des amours qui, selon ses dires, reconnaît ses amours lesbiennes sans aucun dégoût, cela est si banal sous la plume de Sappho que la déesse pourrait accepter de l’aider sans se questionner sur l’origine bonne ou mauvaise de ces relations.

 

En bref, Sappho révolutionne par son audace car elle est une femme forte vivant dans un climat patriarcale et sexiste, elle est une artiste reconnue alors que le concept de l’art n’existe pas encore réellement et parce qu’elle vit ses amours dans une société homophobe. C’est pour cela qu’elle continue de rayonner et qu’elle va continuer, tant que ces problèmes sociétaux feront partie de nos vies.

 

Pourquoi aimons-nous Sappho ?

Nous avons choisi Sappho car elle est la première poétesse de l’histoire à avoir été reconnue pour son art et admirée, car elle vivait librement ses relations homosexuelles et car elle était une mère touchante.

Sources :

Le livre “Sappho, l’éternelle amoureuse” d’Aurore Guillemette.

https://histoireparlesfemmes.com/2012/11/27/sappho/

https://www.universalis.fr/encyclopedie/sappho/

Fait par Marine, Lisa, Edena et Daphné.

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